Page 1 : Discours d'investiture au Grade de Chevalier de l'Ordre National du Mérite


Discours de Monsieur Pierre BERY

Chevalier de la Légion d'Honneur, Officier de l'Ordre National du Mérite,

Président  honoraire du Comité d'Asnières, Gennevilliers, Villeneuve l a Garenne de la Société d'Entraide des Membres de la Légion d'Honneur

Remise d'insigne à Monsieur Matérim FOFANA

 

Cher Monsieur Matérim FOFANA

 

Au nom du Président de la République et sur l'indication de Marie Dominique Aeschlimann, vous m'avez sollicité pour la remise de votre insigne de l'Ordre National du Mérite.

Je vous remercie sincèrement. Je tiens à vous dire que c'est un honneur pour moi et que c'est avec beaucoup de plaisir que je vous ai donné mon accord.

 

Avant la remise de votre in signe, permettez-moi, selon l'usage, de présenter ou de rappeler à toutes les personnes présentes (je constate qu'elles sont d'ailleurs très nombreuses et je m'en réjouis pour vous), les grandes lignes d'un parcours riche et exemplaire.

 

Vous êtes né le 16 août 1948,

Loin de l'hexagone dans un pays d'Afrique bien connu, le Mali (qui n'a jamais rêve de découvrir Tombouctou) ?, et le petit village de Kagoro Mountan.

Vous avez malheureusement perdu vos parents alors que vous étiez très jeune.

A l'âge de 6 ans votre oncle vous a envoyé à l'école, école très éloigné de votre village. C'était déjà une épreuve, une première séparation.

Vous avez néanmoins poursuivi votre scolarité malgré des conditions difficiles et obtenu le certificat d'étude primaire.

 

A 18 ans vous avez eu envie d'une vie meilleure et vous avez décidé de quitter le Mali, seul, pour venir en France, où vous êtes arrivé en 1966 ! cela fait 43 ans !

E 1968, volontaire, vous suivi des cours du soir et obtenu votre CAP de comptabilité puis par la suite vos diplômes de 1er et 2eme degrés de comptabilité. Cela démontre votre volonté de réussir.

 

En 1975 vous avez obtenu la nationalité française.

Le 22 janvier 1977 vous vous marié au Mali. Vous êtes aujourd'hui à la tête d'une belle famille puisque vous avez 7 enfants et 5 petits enfants.

 

Vous êtes maintenant à la retraite après une longue vie professionnelle, diversifiée, que vous avez terminée en qualité de  responsable Logistique, à la société SECAN / Honneywell de Gennevilliers, Société d'Etude et Construction Aéronavale, où vous avez travaillé de 1985 à 2004. Auparavant vous aviez travaillé de 1974 à 1984 aux usines Chausson d'Asnières, et de 1966 à 1973 à la Société Dinamic à Paris. Cela représente donc 38 ans d'activité.

 

Je reviens un peu en arrière.

Après avoir vécu à Montreuil puis à Colombes, c'est en 1985 que vous êtes arrivé à Asnières, dans le quartier Freycinet où vous résidez toujours. Vous avez eu la chance de faire la connaissance de personnes de qualité, dont le Père Michel de la Villéon, bien connu des Asniérois, pour ses engagements et sa simplicité, bien qu'il soit Polytechnicien. Avec ces personnes vous avez entamé une réflexion profonde sur le monde qui vous entourait.

 

Votre quartier est peu à peu devenu difficile, mais au lieu de subir un climat désagréable, vous avez décidé de réagir. Et en 1992 vous vous êtes engagé dans l'action et le bénévolat pour venir en aide aux habitants de ce quartier. Autant dire qu'à partir de cette date vous n'avez plus jamais cessé de vous impliquer dans la vie associative.

En 1995 s'est constituée l'Association Conseil de Familles Freycinet qui œuvre pour les bien êtres des habitants du quartier et dont vous êtes l'un des piliers.

Je sais que vous nous en parlerez tout à l'heure.

En résumé, Cher Monsieur Matérim FOFANA, par votre évolution et votre engagement inlassable au service des autres, par le symbole d'intégration réussie que vous représentez au sein de la Société Française actuelle, vous suscitez l'admiration et le respect.

Cela n'a pas échappé aux élus qui vous ont proposé pour cette distinction bien mérité et que vous avez obtenue.

Je terminerai sur ces mots le rappel d'une vie remplie.

Cher Monsieur FOFANA, Mesdames, Messieurs, je vous remercie de votre aimable attention.

Cher Monsieur Matérim FOFANA, au nom du Président de la République, je vous fais

Chevalier de l'Ordre National du Mérite.

 

Discours de Monsieur Matérim FOFANA

au Grade de Chevalier de l'Ordre National du Mérite

 

Monsieur le Maire,   Monsieur le Député,  Mesdames et Messieurs les élus,  Mesdames, Mesdemoiselles,   Messieurs,   chers amis,

Permettez-moi tout d'abord de remercier la Municipalité de m'avoir permis d'organiser cette cérémonie dans notre magnifique salle des mariages.

 

Un remerciement particulier à Monsieur Pierre BERY

Chevalier de la Légion d'Honneur,

Officier de l'Ordre National du Mérite,
Président  honoraire du Comité d'Asnières, Gennevilliers, Villeneuve l a Garenne de la Société d'Entraide des Membres de la Légion d'Honneur d'avoir accepté cette remise d'insigne et de m'avoir soutenu.

 

Je voudrais partager avec vous quelques périodes de ma vie qui me semble importantes et qui expliquent en partie mon implication dans toute action qui vise le mieux être et le mieux vivre ensemble et plus particulièrement mon action au  sein du Conseil de familles.

 

Je suis originaire d'un petit village du Mali, Kagoro Mountan.

J'ai perdu mon père alors que je n'avais que 18 mois et ma maman alors que je n'avais que 12 ans.

 

Les familles dans les villages au Kaarta (Mali) comprennent plusieurs composantes, nous vivions tous ensemble, (père, Mères, oncle, grands-parents, sœurs, frères cousins, cousines).

 

Dans les années 50, on n'aimait pas trop l'école, Le Directeur de l'école passait dans les villages pour le recrutement des enfants. Les parents inventaient toutes sortes d'handicap pour que leurs enfants ne soient pas recrutés. Chaque chef de famille devait présenter un enfant entre 6 et 7 ans.

 

A l'âge de 6 ans, j'ai été choisi par mon oncle, alors que dans la famille, il y avait plusieurs enfants de mon âge.

 

Les conditions d'études n'étaient pas faciles, en effet, l'école se situait dans un autre village à 45 km. Dans celui-ci, nous étions parqués dans un camp où nos mamans, chacune à tour de rôle,  venaient passer un mois afin de faire notre cuisine.

 

Etre le seul à savoir lire dans la famille a un certains inconvénients.

C'est peut être le moment de dire ce qui me fait toujours pleurer pour enfin l'oublier ? 

 Ma maman est décédée dans son village natal à des centaines de kilomètres de mon village. Quelques mois après son décès, mon oncle reçut une lettre, comme j'étais le seul de la famille à savoir lire, devinez la suite.

Oui on me donna cette lettre à lire.

Après quelques lignes (nous avons le regret de vous annoncer la mort de Fatoumata Touré à Tionkonbougou) les larmes commencèrent à couler.

 

Je suis devenu muet, je ne pouvais rien dire, Ils partirent chercher quelqu'un d'autre dans le village un ancien combattant  tirailleur Sénégalais.

Malheureusement, les seuls mots en Français qu'il disait étaient : Attention, marche, un deux, un deux, alt. Garda vous, mais ce dernier ne savait pas lire. J'ai fini par leur dire que maman est morte.

 

J'ai poursuivi ma scolarité jusqu'au CM2. Et comme beaucoup de mes compatriotes maliens, j'ai émigré vers la France pour une vie meilleure.

 

NAISSANCE DE L'ASSOCIATION

CONSEIL FAMILLES FREYCINET

 

Je suis donc arrivé en France en 1966 et j'ai travaillé depuis cette date jusqu'en 2004.

J'ai exercé différents emplois.

 Par exemple, j'ai été tour à tour magasinier, vendeur, gestionnaire de magasin, responsable de transport et technicien en logistique dans une usine d'étude et construction aéronaval.

Après avoir résidé quelques années au foyer de travailleurs immigrés, puis à Colombes,  je suis arrivé sur la commune d'Asnières en 1985. J'ai fait la connaissance de  Père Michel de la Villéon, Lambert Kilambo, Luders Philemy, Hamed Sidibé, Louisa Mézahem (fondateurs de l'association Conseil de Familles Freycinet).

Le climat du quartier n'était pas bon et  les habitants s'estimaient mal protégés. Les parents  s'inquiétaient de l'avenir de leurs enfants, que faire ?

J'en discutais très souvent avec Lambert et Père Michel.

 

C'est ainsi qu'en  1992,  au vu des difficultés que chacun traversait dans notre quartier, quelques chrétiens, musulmans et d'autres s'interrogent : que faire pour ce quartier que l'on nomme quartier des Freycinet du nom de sa rue principale ?

Ensemble, nous avons fait l'état des lieux. Que faire pour notre quartier constitué de grands immeubles ceinturant une place piétonnière, un siège du développement social de quartier et où demeurent 800 familles maghrébines (les plus anciennes), africaines, antillaises, logées pour la plupart depuis la démolition des bidonvilles de Nanterre ?

 

Survient alors la rencontre avec Evelyne SHILLERS, responsables du Développement Social de quartier, Contrat de Ville : (depuis 3 ans situé au cœur du quartier). Elle  reçoit des confidences des mères de famille.

 

Le 24 juin 1993 Mme Evelyne SCHILLERS propose une rencontre avec des représentants des pouvoirs publics : Municipalité, Police nationale et municipale, Justice, Toxicologues, éducateurs afin que chacun puissent exprimer ses doléances, son point de vue, ses propositions. 60 habitants ont participé à cette première rencontre.

 

Le 16 Novembre 1994 (INVITATION DES HABITANTS), j'ai rédigé ma première lettre d'invitation. Je me souviens encore du texte :

 

Pour que chacune de nos familles trouvent sa place dans son quartier, pour que toutes les familles s'entraident de mieux en mieux, pour contribuer efficacement au développement social de notre quartier par des actions concrètes :

Vous êtes invités à venir écouter le témoignage des responsables de l'association Conseil de Familles de Pierrefitte et Mme Evelyne SHILLERS responsable du développement social des quartiers Ville d'Asnières.

 

Cette réunion se tiendra : Le Mercredi 23 Novembre 1994 A 20h00

Aux sous sous-sol  3, rue Charles Linné, Local Association AMAP,

Plus de 50 personnes ont répondu présents. 

 

Les bases de ce qui allait devenir une fantastique aventure et expérience pour moi et je pense pour tout le quartier et ses habitants, étaient jetées.

 

Le conseil de familles Freycinet s'est constitué en Association Loi 1901, le 22 novembre 1995 à l'initiative des habitants du quartier, l'association a pour objet de créer des liens entre les habitants du quartier pour y améliorer la vie. Elle est composée aujourd'hui d'environ 85 familles adhérentes

L'association a alors débuté ses activités. Celles-ci sont toutes assurées par des bénévoles.

Le bénévolat.

Je voudrais rendre un hommage à tous les bénévoles qui oeuvrent au sein des associations.

Le bénévole représente le pilier d'une association. Sans lui, rien n'est possible.

Etre bénévole est un choix de vie et d'expression de certaines valeurs humanistes.

Etre bénévole c'est :

-      accepter de laisser quelques heures par semaine, ses tâches familiales

Etre bénévole c'est :

-      prendre du temps sur ses loisirs, assister aux réunions, aux manifestations

Etre bénévole c'est :

-      faire preuve parfois d'abnégation

Bref, être bénévole c'est être au service de ces concitoyens pour les accompagner, les aider et les soutenir au quotidien

 

Etre bénévole au Conseil de Familles c'est travaillé avec plus de 85 familles.

C'est ainsi que l'association fonctionne avec des mères et pères de famille, des jeunes, où chacun offre ses compétences.

 

Le Conseil de Famille fait partie de ces associations de la ville d'Asnières qui ont réussi à regrouper plus de 300 personnes lors de ces activités.

 

Je vous en cite quelques unes :

Repas multiculturel, fête du village, cours de socialisation, sorties organisées pour les familles qui ne partent pas en vacances, fête de Noël pour les enfants de 1 à 12 ans, réunions de sensibilisation.

 

Elle a aussi pour vocation de servir de lien entre les habitants et les institutions avec lesquelles le contact peut être difficile du fait du choc des normes et cultures (école,  différents services de la Mairie, C.A.F., préfecture, centres sociaux).

 

L'association répond à ce choc par la mise en place :

D'orientations,

Du service d'écrivain public

De l'atelier de socialisation, l'une des activités principales de l'association. Celui-ci est mené en collaboration avec la Maison des Femmes.

 

Cet atelier de socialisation est destiné aux habitants du quartier, des mères de famille. L'expression orale est présentée à partir de thèmes de la vie de tous les jours. Pour certaines femmes, la communication est très importante d'où la nécessité de parler et d'écouter les autres sans gène.

Mais tout cela ne serait pas possible sans le soutien des habitants, et aussi parce que l'association conseil de familles Freycinet et les habitants de ce quartier ont toujours été soutenus par la Municipalité et les associations partenaires




26/02/2010
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